A l'occasion de la sortie du documentaire « Billie » sur cette diva du jazz le 30 septembre 2020, redécouvrons cette artiste hors norme, surnommée Lady Day par son ami Lester Young.
A la première évocation de son nom, on entend une voix ; un critique dira que sa voix a la saveur du caviar et du gravier.
N'ayant jamais appris à chanter, Billie Holiday travaillera le son car refusera toujours de prendre des cours même à l'apogée de sa carrière. Son père musicien lui aurait conseillé de ne pas imiter la voix de Louis Armstrong mais plutôt sa trompette. Ainsi, sans être virtuose, ni juste, elle travaillera sur la rythmique des mots.
Quand John Hammond la découvre, elle n'a que 16 ans, elle chante le jazz enjoué de ses jeunes années malgré une enfance chaotique. Elle fera ses premiers pas en 1933 avec Benny Goodman et son orchestre qui lui permettra d'enregistrer ses premiers disques. Dans les années 30, elle apparaîtra dans divers orchestres jusqu'à devenir la première femme noire à intégrer un orchestre blanc, celui d'Artie Shaw.
Elle le quittera très vite, victime de la ségrégation et du racisme. Cependant, peu de temps après, on lui fait parvenir le texte d'Abel Meeropol, Strange fruit : l'histoire d'un lynchage dans les Etats sudistes.
Billie Holiday sera l’une des toutes premières artistes à s’engager aussi explicitement dans la cause des Noirs, 16 ans avant Rosa Parks.
Avec Strange fruit, elle démontre aux yeux de tous qu’elle chante l’intime, elle vit la chanson, ne fait pas que l'interpréter.
La chanteuse Madeleine Peyroux en reprenant Billie Holiday, dira : "Je cherchais un guide pour devenir femme, et c'est Billie Holiday qui m'a montré la voie. L'école de Billie Holiday, plus qu'une école de chant, est une école de vie."
Alors que la carrière de la jeune femme décolle, elle commence à boire et à se droguer, minée par une dépression. Dans les années 40, en fréquentant des musiciens tels que Dizzy Gillespie et Art Tatum, elle vit une véritable descente aux enfers qui la mènera en prison.
N’étant que l’ombre d’elle même, ses abus se ressentent dans sa voix.
Cependant son ultime album, Lady in satin, ne montre pas une star sur le déclin mais une femme honnête avec elle-même et avec ses auditeurs. Avec cet album, elle signe une référence pour les chanteuses à venir.
Son œuvre inspirera bon nombre d’artistes et aujourd’hui encore des chanteuses comme Melody Gardot ou Diana Krall la citent comme influence majeure.
Pour aller plus loin :
- Une playlist
- Un podcast sur France Culture
- Une critique du documentaire "Billie" sur Trois couleurs
- Un article de Rolling stone
N'hésitez pas à réserver les CD disponibles à la médiathèque :